dimanche 14 mai 2017

USA vs Chine. Le « piège de Thucydide »

L’émergence de la puissance chinoise depuis trente ans n’a pas de précédent dans l’histoire. Après trente ans de croissance à deux chiffres, cette économie, qui était plus petite que celle de l’Espagne en 1980, est aujourd’hui la deuxième économie mondiale. Avec ses 1,3 milliard d’habitants, la Chine deviendra la plus grande économie mondiale dans les dix prochaines années. Rien de similaire ne s’est jamais produit dans l’histoire du monde et cela affecte déjà l’équilibre des forces dans la région Asie-Pacifique. Les États-Unis, première puissance mondiale, ne l'acceptent pas.
Sous-marins : la France vient d’en vendre douze à l’Australie, qui se soucie de ses côtes et de son cher voisin chinois ! 
États-Unis : Trump et Sanders parlent de plus en plus du danger chinois, de la manipulation du yuan et de la destruction d’emplois américains. Il faut les taxer ! 
Chine : le Président Xi Jinping va visiter les îlots, gros rochers déserts devenus bases militaires, à proximité de zones maritimes revendiquées par la Chine et ses voisins. 
Thucydide : il y a quelques semaines à Pékin, deux diplomates, Henry Kissinger et Dai Bingguo, débattent du "Piège de Thucydide".
L'Europe sur la pente glissante du piège de Thucydide : saurons-nous éviter que la concurrence avec la Chine ne se transforme en nouvelle guerre du Péloponnèse ?
Le « piège de Thucydide »
Le « piège de Thucydide » est l’antagonisme qui oppose la puissance établie et la puissance ascendante, à tel ou tel moment de l’histoire, la montée en puissance de la seconde, la crainte qu’elle suscite chez la première, et le risque de guerre qui en résulte. Sparte et Athènes s’affrontent au cours de la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), le Royaume-Uni et l’Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale (1914-1918) ; les États-Unis et la Chine se trouvent dans une situation comparable au début du XXIe siècle. 
La montée en puissance de la Chine, tant sur le plan économique que militaire, génère désormais une crainte grandissante chez la puissance établie, les USA. Les relations sino-américaines trouvent ainsi progressivement une certaine analogie avec celles d’Athènes et de Sparte.
C’est sans doute la raison pour laquelle le général Martin Dempsey, ex chef d’État Major des armées américaines, a insisté lors d’une conférence au Carnegie Endowment for International Peace sur le fait que les États Unis ne menaient pas une « stratégie d’endiguement » de la Chine mais de transparence avec celle-ci dans le Pacifique. «  Je crois que l’une de mes tâches, en tant que chef de l’état-major et conseiller auprès de nos dirigeants du plus haut niveau, est de nous aider à éviter le piège de Thucydide. Nous ne voulons pas que la crainte de l’émergence de la Chine rende la guerre inévitable » déclara-t-il lors de cette conférence.
Les diplomates Henry Kissinger et Dai Bingguo, ont eux même débattu du « Piège de Thucydide » en mars 2016, lors du Forum du Development Research Center, la grande réunion politico-économique chinoise.
Chacun d’entre nous sait bien que la dénégation du risque, ce que pratiquent activement les États Unis et la Chine, signifie le plus souvent que ce risque est bien présent.
Le « Gambit de Mao »
Au jeu d'échecs, le gambit est un sacrifice volontaire d'une pièce (pion, ou autre) dans la phase d'ouverture dans le but d'obtenir un avantage stratégique non matériel : attaque, gain d'espace, ouverture de lignes, dislocation de la structure de pions adverse, gain de temps, etc. Le gambit est parfois risqué, car si l'avantage stratégique n'est pas bien exploité, le déséquilibre matériel offrira de meilleures chances de gain à l'adversaire.
Est-ce qu'on peut imaginer qu’un dirigeant chinois, qui vient à peine de prendre le contrôle de son pays après une longue guerre civile, prend le risque  d’attaquer une superpuissance qui vient d’écraser le Japon afin de mettre fin à la deuxième en larguant des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki? 
Alors que les troupes américaines ont repoussé les forces nord-coréennes vers la frontière chinoise en 1950, le général Douglas MacArthur, ne pouvait pas l’imaginer. 
Mais Máo Zédōng ou (Mao Tse-tung) la fait. MacArthur était sidéré. 
Les forces chinoises ont rapidement battu les troupes américaines pour les repousser jusqu’à la ligne qui divisait la Corée du Nord et du Sud quand la guerre a commencé. Ce trente-huitième parallèle continue de marquer la frontière entre les deux Corées aujourd'hui. On estime que ce conflit a engendré la mort d'au moins trois millions de personnes. Parmi les morts militaires, il y a eu 36.000 Américains, 150.000 sud coréens, entre 215.000 et 400.000 nord-coréens, et entre 180.000 et 400.000 Chinois.
De même, en 1969, les dirigeants soviétiques ne pouvaient pas imaginer que la Chine réagirait à un différend frontalier local en lançant une attaque préventive contre une puissance nucléaire ayant une supériorité écrasante. Mais c'est précisément ce que le président Mao a fait quand il a commencé la guerre à la frontière sino-soviétique.
Dans les deux exemples ci-dessus, nous assistons à ce qu’on pourrait appeler le « gambit de Mao ».  Le « gambit de Mao » a envoyé un message sans équivoque de « défense active »:
 La Chine ne se laissera jamais intimider, même par des adversaires qui pourraient l’effacer de la carte.
Les Américains face à la Chine
Comme la renaissance de la Russie post-soviétique, la montée de la Chine comme puissance économique est qualifiée de « menace existentielle » au droit divin des États-Unis de réguler et de dominer les affaires humaines.
Pour contrer cela, en 2011, le président Obama a annoncé un « pivot vers l’Asie », ce qui signifie que près des deux tiers des forces navales américaines seraient transférées en Asie et dans le Pacifique d’ici 2020. Aujourd’hui, plus de 400 bases militaires américaines encerclent la Chine avec des missiles, des bombardiers, des navires de guerre et, surtout, des armes nucléaires. De l’Australie au Japon et à la Corée, à travers le Pacifique, et à travers l’Eurasie de l’Inde à l’Afghanistan, les bases forment, dit un stratège américain « le nœud coulant parfait ».
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Les États-Unis traitent encore l’ouest du Pacifique comme s’il s’agissait d’un lac américain.
Pour la classe politique américaine, la tentation existe de faire de la Chine le bouc émissaire des problèmes de l’Amérique. Pour éviter des erreurs, Donald Trump ne devrait pas se contenter d’entretiens avec le président chinois Xi Jinping autour d’un gâteau au chocolat, pendant que des missiles Tomahawk sont envoyés sur un pays qui n’a jamais agressé les États-Unis. Trump raconte fièrement, comme un gamin qui s’extasie devant un jouet :
"J'étais assis à table […], nous étions au dessert et nous avions le plus beau gâteau au chocolat que vous ayez jamais vu, et le président Xi s'en régalait. Et j'ai reçu le message des généraux que nos navires étaient armés et prêts …, donc les missiles étaient en route. Et j'ai dit :'Monsieur le Président, laissez-moi vous expliquer quelque chose. C'était au moment du dessert. Nous venions juste de lancer 59 missiles, qui ont tous frappé, au fait, c'est incroyable, à plusieurs centaines de kilomètres, ils ont tous frappé [leur cible], stupéfiant…C'est si incroyable. C'est brillant, du génie. Notre technologie, nos équipements, sont cinq fois meilleurs que n'importe qui. Je veux dire regardez, ce que nous avons, en termes de technologie, personne ne peut les concurrencer."
On voit que Trump n’est pas très au fait des technologies militaires russes, chinoises et même nord-coréennes.
La guerre nucléaire est une menace réelle
La guerre nucléaire contre la Chine n’est plus une ombre, mais une éventualité. La plus grande accumulation de forces armées américaines depuis la Deuxième Guerre mondiale est bien avancée et bien là : elles sont dans l’hémisphère nord, sur les frontières occidentales de la Russie, en Asie et dans le Pacifique, face à la Chine.
Une étude de la RAND Corporation – qui, depuis le Vietnam, a planifié les guerres de l’Amérique – est intitulée, « Guerre avec la Chine : Penser l’impensable ». Commandités par l’armée américaine, les auteurs évoquent la guerre froide, lorsque RAND a rendu fameux le slogan de son principal stratège, Herman Kahn – « Penser l’impensable ». Le livre de Kahn, Sur la Guerre thermonucléaire, a élaboré un plan pour une guerre nucléaire « gagnable » contre l’Union soviétique.
Aujourd’hui, son point de vue apocalyptique est partagé par ceux qui détiennent un véritable pouvoir aux États-Unis : les sionistes et les néocons au gouvernement, au Pentagone, dans l’establishment des services de renseignement de la sécurité nationale et au Congrès.
« Les États-Unis, écrit Amitai Etzioni, professeur d’affaires internationales à l’Université George Washington, se préparent à une guerre avec la Chine, la décision n’a pas encore été examinée par les élus, à savoir la Maison Blanche et le Congrès. » Cette guerre commencerait par une « attaque aveugle contre les installations chinoises de défense territoriale, y compris les lanceurs de missiles terrestres et maritimes […] les satellites et les anti-satellites ».
Le risque incalculable est que « les attaques profondes à l’intérieur des terres pourraient être perçues, à tort [ben voyons ! NdT], par les Chinois comme des tentatives préventives pour détruire leurs armes nucléaires, les faisant ainsi tomber dans le terrible dilemme du « rien à perdre » conduisant à une guerre nucléaire. »
En 2015, le Pentagone a publié son manuel sur la Loi de la guerre qui dit : « Les États-Unis, n’ont pas accepté de traité qui interdit l’utilisation des armes nucléaires en soi, et ainsi les armes nucléaires sont des armes légales pour les États-Unis. »
L’armée et l’arsenal chinois sont petits par rapport aux États-Unis. « Pour la première fois, écrit Gregory Kulacki de l’Union of Concerned Scientists, la Chine envisage de mettre ses missiles nucléaires en état d’alerte afin qu’ils puissent être lancés rapidement en prévision d’une attaque […] Ce serait un danger important et un changement dangereux dans la politique chinoise […] En effet, les politiques nucléaires des États-Unis sont le facteur externe le plus important qui influence les décisions chinoises de relever le niveau d’alerte de leurs forces nucléaires. »
En 2015, dans le plus grand secret, les États-Unis ont organisé leur plus important exercice militaire depuis la Guerre froide. C’était Talisman Sabre : une armada de navires et de bombardiers à longue portée simulant un « concept de bataille aérienne et navale contre la Chine » – bloquant les voies maritimes dans le détroit de Malacca et coupant l’accès de la Chine au pétrole, au gaz et à d’autres matières premières en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique.
C’est une telle provocation et la crainte d’un blocus par la marine américaine qui ont convaincu la Chine de construire fiévreusement des pistes d’atterrissage stratégiques sur les récifs contestés et les îlots dans les îles Spratleys en mer de Chine méridionale.
En 2014, sous l’égide de la « domination par l’information » – le jargon du Pentagone pour désigner la manipulation des médias, et la propagation de fausses nouvelles, pour lesquelles celui-ci dépense plus de 4 milliards de dollars par an – l’administration Obama a lancé une campagne de propagande visant la Chine comme menace pour la « liberté de navigation ».
Le propagandiste en chef désigné est l’amiral Harry Harris, le commandant militaire américain en Asie et dans le Pacifique. « Mes responsabilités, dit-il au New York Times, couvrent un territoire allant de Bollywood [en Inde] à Hollywood, des ours polaires aux pingouins. » Jamais la domination impériale n’a été décrite aussi misérablement.
Harris est l’un des nombreux amiraux et généraux du Pentagone qui a réuni des journalistes sélectionnés et malléables afin de justifier une menace aussi spécieuse que celle avec laquelle George W. Bush et Tony Blair ont justifié la destruction de l’Irak et de la majeure partie du Moyen-Orient.
À Los Angeles en septembre, Harris a déclaré qu’il était « prêt à affronter une Russie revancharde et une Chine sûre d’elle-même […] Si nous devions lutter maintenant, ce soir, je ne veux pas que ce soit un combat loyal. Si c’est un combat au couteau, je sortirai un pistolet. Si c’est une bagarre au pistolet, j’appellerai l’artillerie […] et tous nos partenaires avec leur artillerie. »
Ces partenaires incluent la Corée du Sud, qui héberge la base de lancement du système de défense aérienne à haute altitude du Pentagone, connu sous le nom de THAAD, qui est censé viser la Corée du Nord. Comme l’indique le professeur Postol, il vise la Chine.
L’ascendant du Pentagone à Washington – que Daniel Ellsberg a qualifié de coup d’État silencieux – se reflète dans le montant record de 5.000 milliards de dollars que l’Amérique a consacré à ses guerres agressives depuis le 11 septembre, selon une étude de l’Université Brown. Le million de morts en Irak et la fuite de 12 millions de réfugiés d’au moins quatre pays en sont la conséquence.
En septembre, le Conseil atlantique, un groupe de réflexion géopolitique américain, a publié un rapport qui prédisait un monde hobbesien « marqué par la rupture de l’ordre, l’extrémisme violent et une ère de guerre perpétuelle »:
Les nouveaux ennemis sont une Russie « résurgente » et une Chine « de plus en plus agressive ». 
Seule l’Amérique "héroïque" peut nous sauver.
Cette propagande de guerre a une qualité démentielle. C’est comme si le « siècle américain », proclamé en 1941 par l’impérialiste américain Henry Luce, propriétaire du magazine Time, se terminait sans préavis et que personne n’ait eu le courage de dire à l’empereur de ranger ses armes et de rentrer chez lui.
Conclusion
Le monde se déplace inexorablement vers l’Est. Mais la vision étonnante de l’Eurasie par la Chine est à peine comprise en Occident. La Nouvelle Route de la Soie est un ruban destiné au commerce : ports, pipelines et trains à grande vitesse jusqu’en l’Europe. Le leader mondial de la technologie ferroviaire, la Chine négocie, avec 28 pays, des itinéraires sur lesquels les trains atteindront jusqu’à 400 km/h. Cette ouverture au monde a l’approbation d’une grande partie de l’humanité et, en même temps, unit la Chine et la Russie.
Les dirigeants chinois pensent qu’ils reviendront à leur position naturelle d’«empire du Milieu», autrement dit de centre du monde, et que les autres devront s’adapter à cette réalité. La Chine veut être acceptée comme la Chine, et non comme un membre d’honneur de l’Occident.
Pékin n’hésite pas à utiliser sa puissance économique pour envoyer le message. C’est le cas pour le Japon et les Philippines, deux pays avec lesquels elle a des différends territoriaux. Ce n’est pas un hasard si, l’année dernière, les exportations du Japon et des Philippines vers la Chine ont diminué, respectivement de 16 et 20 %.
La question des prochaines décennies est donc de savoir comment la Chine et les États-Unis pourront échapper au «piège de Thucydide», autrement dit au conflit résultant de la rivalité entre une puissance émergente et une puissance régnante, comme entre Athènes et Sparte au Ve siècle av. J.-C., ou entre l’Allemagne et ses voisins, à la fin du XIXe siècle. L’émergence rapide de toute nouvelle puissance perturbe le statu quo. Historiquement, dans 11 cas sur 15, depuis 1500, cela s’est terminé par une guerre.
Les États-Unis ne peuvent pas arrêter l’émergence de la Chine, mais ils doivent trouver le moyen de partager le leadership du XXIe siècle avec une Chine plus puissante et une Russie mieux armée, une situation totalement nouvelle pour eux. Aujourd’hui encore, Washington a tendance à vouloir faire la leçon à Pékin et à Moscou, en leur demandant de ressembler à Paris et à Berlin (qui ne peuvent bouger le petit doigt sans l’agrément de l’Oncle Sam), en devenant plus « démocratique ». La Chine se modernisera en évoluant vers plus d’État de droit et une justice indépendante, mais ne deviendra pas pour autant une « démocratie libérale » au sens occidental, car cela signifierait son effondrement.
Le conflit entre les deux puissances n’est donc pas inéluctable, car les deux pays ont tout intérêt à trouver des compromis. 
La Chine a besoin du marché américain pour vendre ses produits, les États-Unis ont besoin de la Chine pour acheter leurs bons du Trésor. Les deux pays ont un intérêt commun à la liberté de navigation et à la sécurité des voies maritimes. À court terme, les dirigeants chinois sont conscients de la supériorité technologique et militaire américaine et ils préféreront la diplomatie à la force pour s’imposer progressivement comme la première puissance économique.

VOIR AUSSI :
Hannibal GENSERIC


Et s’il y a un cinéaste, il y a aussi un grand analyste du désastre US (qui est devenu le nôtre lors de notre passage à la globalisation), et qui se nomme Howard Kunstler. Je donne ici deux extraits de son dernier texte, qui résume son œuvre maîtresse, The Long Emergency.
Froidement, Kunstler présente ainsi son pays :
Je vis dans un coin de cette Amérique périphérique, où vous pouvez facilement lire les conditions de vie sur les murs : les rues principales vides, surtout quand la nuit tombe, les maisons sans soins et se dégradant d’année en année, les fermes abandonnées avec des granges qui tombent en ruine, les outils agricoles rouillant sous la pluie et les pâturages couverts de sumacs, ces chaînes nationales de magasins parasites, poussant comme des tumeurs aux abords de chaque ville.
Ce pourrissement culturel créé par l’oligarchie avide et folle, les Wal-Mart, la multiplication des « détritus urbains » (Lewis Mumford) et la crétinisation médiatique créent une humanité à la hauteur :
Vous pouvez le lire dans le corps des gens dans ces nouveaux centre-ville, c’est-à-dire le supermarché : des personnes prématurément vieilles, engraissées et rendues malades par la consommation de mauvaises nourritures, faites pour avoir l’air et avoir un goût irrésistible pour les pauvres qui s’enfoncent dans le désespoir, une consolation mortelle pour des vies remplies par des heures vides, occupées à regarder la trash-télé, des jeux informatiques addictifs et leurs propres mélodrames familiers conçus pour donner un sens narratif à des vies qui, autrement, ne comportent aucun événement ou effort.
Parlons de la crise de la civilisation en Amérique, cette nation indispensable qui crée un monde zombi à son image.
Il reste un cinéaste américain, Alexander Payne, qui nous conte, à travers des films comme Les Descendants, Monsieur Schmidt ou Nebraska, le désastre de la civilisation américaine. La matrice américaine entre les mains des oligarques a tué la civilisation américaine et l’a dévitalisée. Michael Snyder, sur son blog, ne cesse de nous donner, semaine après semaine, des nouvelles de cet effondrement physique de l’Amérique, cette Amérique représentée par les jeunes filles odieuses et monstrueuses comme la grosse Kardashian ou l’Ivanka Trump-Kushner.
Le néant US accompagne bien sûr une extension du domaine de la lutte. Car la matrice fait vivre de plus en plus mal les gens à l’intérieur, et elle fait souffrir ou extermine de plus en plus de peuples à l’extérieur, du monde musulman aux banlieues industrielles chinoises et bengalis (cinq euros par mois pour fabriquer des chemises vendues soixante chez Gap) en passant par la banlieue française.
Comme dans un livre de Jack London, l’oligarchie devient de plus en plus fasciste et dangereuse, car elle carbure moins à l’impérial qu’au prétexte humanitaire : réparation du monde (tikkun), lutte contre le nationalisme, le sous-développement, le terrorisme (sauf Daesh),  etc.