vendredi 29 avril 2016

Zbigniew Brzezinski : Daech et les Islamistes travaillent pour les intérêts US

Le célèbre politologue américain , Zbigniew Brzezinski, a épouvanté l’humanité une fois de plus en disant que «la fin du rôle global de l’Amérique […] serait très probablement le chaos mondial». Pour éviter cela, le partisan de l’hégémonie américaine des États-Unis a suggéré un réalignement mondial. Le gourou de la politique étrangère US depuis des décennies confirme fièrement que les Islamistes - qu'ils soient Frères Musulmans, wahhabites, nahdhaouis ou Daéchiens, ou n'importe quoi d'autre - travaillent pour les intérêts des USA. On le savait depuis toujours les Islamistes terroristes n'ont JAMAIS tiré une seule cartouche contre leurs patrons américano-sionistes. Hannibal GENSERIC

Le contenu de l’article de Brzezinski se ramène, en résumé,  à deux thèses:

1) Les États-Unis ne sont plus une puissance impériale mondiale.

2) L’effondrement de l’hégémonie impériale des États-Unis entraînera probablement le chaos.


Pour permettre aux États-Unis de maintenir leur pouvoir, Brzezinski propose plusieurs recettes :

a) Faire œuvrer les principaux rivaux géopolitiques de l’Amérique – la Russie et la Chine – en faveur des intérêts américains en utilisant, en particulier, la crise au Moyen-Orient, qui est supposée représenter une source de menaces commune aux trois pouvoirs.

L’Amérique ne peut être efficace dans le traitement de la violence actuelle au Moyen-Orient que si elle forge une coalition qui implique, à des degrés divers, la Russie et la Chine.»  […]
 «La perspective politique de la Chine dans un proche avenir est de devenir le principal partenaire de l’Amérique pour contenir le chaos mondial, du genre de celui qui se répand à partir du Moyen-Orient – y compris vers le nord-est. Si ce dernier n’est pas empêché, il contaminera la Russie méridionale et ses territoires de l’Est, ainsi que les parties occidentales de la Chine.»

b) Faire travailler le monde islamique pour les intérêts américains. Pour ce faire, Brzezinski rappelle une fois de plus sa doctrine du " réveil démocratique mondial ", qui justifie la participation des États-Unis dans les Printemps arabes. L’essentiel est simple : utiliser les forces anti-américaines pour renforcer la domination par différents mécanismes d’influence directe et d’infiltration. Brzezinski déclare qu’une attention particulière devrait être portée aux masses du monde non occidental nouvellement éveillées à la politique, et cela ne peut se comprendre que dans le contexte de sa théorie de l’éveil démocratique mondial. L’émergence d’ISIS/Daech dans le monde islamique – et avant cela les révolutions de couleur des Frères musulmans –  peut être considérée comme l’application pratique de cette stratégie particulière. Étrangement, ces forces islamistes créent des problèmes à tout le monde, sauf aux États-Unis et à Israël.

c) Maintenir la présence militaire américaine au Moyen-Orient par tous les moyens. Le texte indique que c’est crucial pour les États-Unis, le retrait signera immédiatement l’effondrement de l’hégémonie américaine :

«Un retrait complet des États-Unis du monde musulman, favorisé par les isolationnistes américains, pourrait donner lieu à de nouvelles guerres (par exemple, Israël contre l’Iran, l’Arabie saoudite contre l’Iran, une intervention égyptienne majeure en Libye) et générerait une crise de confiance encore plus profonde pour le rôle stabilisateur de l’Amérique dans le monde. De façon différente, mais radicalement imprévisible, la Russie et la Chine pourraient être les bénéficiaires géopolitiques d’un tel développement, alors même que c’est l’ordre mondial lui-même qui sera la victime géopolitique immédiate. Last but not least, dans de telles circonstances, une Europe craintive et divisée verrait ses états membres actuels chercher des parrains et se concurrencer les uns les autres, dans des arrangements distincts avec les trois grandes puissances.»

En d’autres termes, Brzezinski propose la stratégie suivante, où le Moyen-Orient joue un rôle clé :

1. Fomenter le chaos et la guerre dans la région, en se fondant sur la force du réveil démocratique mondial.

2. Déclarer la "fausse guerre au terrorisme" et en transférer la charge sur la Russie et la Chine, en les attirant dans un conflit sans espoir dans la région.

3. Maintenir ou même augmenter sa présence militaire sous le prétexte de préserver la stabilité au Moyen-Orient.

Bien sûr, tout cela est masqué par les thèses de la "fausse" lutte contre le terrorisme et l’attention accordée à la souffrance des musulmans et des habitants du Tiers-Monde en général, en invitant à participer les principaux acteurs de la crise sur l’échiquier moyen-oriental de l’Eurasie – la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, Israël, l’Égypte, l’Europe, et l’Arabie saoudite. Le prétexte est qu’ils sont tous intéressés à la résolution du conflit, mais en fait, cela ne fera que conduire à des conflits d’intérêts et augmentera le chaos.

«La menace globale du terrorisme islamique» n’est pas une menace en elle-même. Les États-Unis n’ont jamais été touchés par l’islamisme  dans leur histoire, le 11 septembre 2001 a été une opération américano-israélienne sous faux-drapeau. Aux États-Unis, les musulmans représentent environ 1% de tous les citoyens, par opposition aux populations musulmanes de plusieurs millions en Russie et en Chine. Et contrairement à ces deux pays, il n’y a aucune région aux États-Unis où la menace islamiste du séparatisme peut émerger.

Les États-Unis sont séparés de la région du conflit par l’océan Atlantique. Ainsi, ils peuvent se permettre de jouer sur deux tableaux à la fois – soutenir secrètement les extrémistes tout en faisant semblant de "combattre le terrorisme", afin d'entraîner la Russie et la Chine dans le conflit, affaiblissant aussi, par la même manœuvre la Russie, la Chine et le monde islamique.

L’Amérique espère utiliser les extrémistes islamiques, qu’elle a formés et équipés, pour ramener la Russie dans son orbite et en faire un État-croupion comme le sont les États européens (dont la France et l'Allemagne sont les pires caricatures) – probablement après Poutine. Ainsi c’est la menace de l’islamisme téléguidé par Washington et financé par l'Arabie Saoudite, qui sera utilisée pour enrôler la Russie dans un système centré sur l’Amérique.

Il est significatif que Brzezinski, selon la tradition géopolitique classique, considère la Russie comme l’ennemi principal des États-Unis et non pas la Chine :

«Et voilà pourquoi il incombe aux États-Unis de façonner une politique dans laquelle au moins l’un des deux États potentiellement menaçants (Russie, Chine) devient un partenaire (entendez un État-croupion) pour la recherche de la stabilité régionale puis mondiale, et donc en contenant le rival le moins prévisible, mais potentiellement le plus susceptible d’aller trop loin. Actuellement, le plus probable est la Russie, mais à plus long terme, ce pourrait être la Chine.»

L’analyse de Brzezinski est basée sur une manipulation des faits et sur des mensonges purs et simples, conçus pour cacher les côtés approximatifs de sa vision.

Tout d’abord, il a complètement tort quand il évalue la position de la Russie. Du point de vue de Brzezinski, ce pays est dans la dernière phase convulsive de son héritage impérial. En attendant, la Russie a réintégré la Crimée en 2014 et, avant cela, en 2008, a mené une campagne militaire réussie en Géorgie. En 2015-2016, pour la première fois depuis l’effondrement de l’URSS, la Russie s’est lancée dans une campagne militaire à l’étranger – en Syrie. Ceci n’est pas un héritage impérial, mais une renaissance. Même si la Russie tente de devenir un État-nation, elle ne fera que s’étendre, avec les millions de Russes qui vivent en Ukraine, en Biélorussie, aux Pays baltes et au Kazakhstan. Les deux versions, impériale et véritablement nationale de la Russie, n’entrent pas dans le cadre de l’analyse de Brzezinski qui voit la Russie comme l’un des États de l’Union européenne.

Deuxièmement, Brzezinski n’a pas pris en compte les nouvelles superpuissances en devenir : l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Indirectement, cela peut signifier que les États-Unis les ignorent [dans le grand jeu, NdT], dans l’espoir de renverser leurs élites indépendantes par des révolutions de couleur et des coups d’État, comme cela se passe actuellement au Brésil. Cependant, leur démographie, leur économie, et dans le cas de l’Inde, leur potentiel idéologique anti-occidental, sont extrêmement élevés.

Troisièmement, il néglige le potentiel de désintégration de l’Union européenne. La crise des migrants, l’effondrement de l’espace Schengen, les positions diamétralement opposées entre les dirigeants des États-membres sur des questions clés, et la croissance de l’euroscepticisme, sont tous des problèmes dans la zone euro. Ce n’est pas une Union dans laquelle la Russie voudrait entrer. Ce n’est pas une Union où les idées de Brzezinski peuvent promouvoir l’agenda globaliste à savoir «jouer un rôle constructif en prenant les devants pour ce qui concerne les menaces transnationales au bien-être global et même à la survie humaine».

Quatrièmement, Brzezinski montre qu’il raisonne avec le paradigme néo-réaliste de la stabilité hégémonique. Dans son opinion, l’effondrement de l’hégémonie américaine signifierait l’effondrement de l’ordre mondial en tant que tel. Mais, tout d’abord, les États-Unis ne contribuent en aucun cas à la préservation de l’ordre mondial, transformant celui-ci en zone de chaos contrôlé, en utilisant la théorie d’un autre analyste américain, Steven Mann. Pourquoi seraient-ils un facteur de stabilité dans l’avenir ? D’autre part, il y a un certain nombre de néo-réalistes qui croient qu’un monde bipolaire sera plus équilibré qu’un monde unipolaire. Enfin, on peut imaginer un modèle de monde multipolaire, partagé entre les grands espaces impériaux, qui prenne en compte la diversité des civilisations du monde. Ce n’est pas non plus le chaos, mais la solution alternative la plus adéquate à l’unilatéralisme américain.

On peut conclure que l’article de Brzezinski met en évidence les tentatives désespérées de l’élite américaine pour maintenir son hégémonie dans le monde. En même temps, il est plein de clichés de propagande, et dans de nombreux cas, l’évaluation de la situation ne correspond pas à la réalité.


A lire aussi Brzezinski réduit à la pensée-zombie, analyse du texte de Brzezinski par dedefensa.org


La doctrine Brzezinski : l'arme islamiste, instrument géostratégique américain

Comment expliquer la montée islamiste mondiale, les revendications nationalistes depuis 30 ans ? Est-elle concomitante à la politique américaine au Moyen-Orient ? Quels sont les véritables enjeux et les intérêts actuels de cette politique ? Motive-t-elle ses prises de position dans la région ?
La doctrine dominante de la politique extérieure américaine démocrate relève d'une constante depuis 30 ans : elle se réfère à la théorie de Brzezinski dont la vision reste très imprégnée de la confrontation Est-Ouest de type Guerre Froide.
Zbigniew Brzezinski est un politologue américain d'origine polonaise, conseiller à la sécurité nationale du Président Jimmy Carter, de 1977 à 1981. En 2008, il devient conseiller de Barack Obama candidat vainqueur à l'investiture présidentielle, pariant sur son ascendance  musulmane pour améliorer l’image des USA sur le plan international. Brzezinski compte justement sur le retour des Démocrates pour reprendre la politique extérieure pratiquée par les précédentes administrations Carter ou Clinton.
Brzezinski est un tacticien. Dans sa vision réaliste de confrontations des nouveaux blocs, dans le contexte post-Guerre Froide, l'un des objectifs de la politique extérieure américaine reste le contrôle de l'accès et de l'exploitation des gisements pétroliers. Dans la répartition géopolitique post-communiste, le cœur stratégique du nouveau monde serait le continent eurasien du fait de sa triple montée en puissance économique, politique et militaire. Aujourd’hui, l’Eurasie concentre les principales puissances émergentes comme la Chine, la Russie, l’Inde, voire l’Europe. Elle apparaît comme l’espace privilégié de la continuation de la lutte bipolaire américano-russe comme clé de voute de l'hégémonie américaine, seule capable d'assurer la stabilité mondiale. Pour les États-Unis, il s’agit d’y bloquer le «retour» impérialiste russe et de freiner une reconstruction politique, économique et identitaire qui risquerait de menacer ses intérêts nationaux. Dès lors, la Russie fédérale, appréhendée comme héritière de l’URSS, représente pour le leadership américain une menace potentielle. Contenir la puissance russe s’impose donc comme une nécessité vitale car depuis la Guerre Froide selon ce théoricien, l’hostilité russe est perçue comme une permanence, une sorte de fatalité historique, indépendante de son régime politique (tsariste, soviétique, fédéral). Dans l’optique américaine, le «retour» de la puissance russe est donc ressenti comme un facteur d’incertitude et, à terme, comme un catalyseur de déséquilibres géopolitiques.
L'ère post-communiste du début du XXIe siècle est ainsi marquée par la réactivation d’un conflit central entre les deux États américain et russe axé sur le contrôle de l’Eurasie. Dans leur opposition conceptuelle, ces entités instrumentalisent le nationalisme.
La stratégie Brzezinski vise l’encerclement de la Russie et la déstabilisation de ses frontières sud en vue d’y installer un « pluralisme géopolitique » à "tendance démocratique". Ce pluralisme – soumis au contrôle américain – serait préférable au monopole russe, considéré comme nuisible à l’équilibre et au développement de la région. Cette stratégie se présente comme une radicalisation de la doctrine Kennan fondée sur l'endiguement du géant russe pendant la Guerre Froide.
Grâce à la guerre russe en Afghanistan, Brzezinski a ainsi ébranlé l'empire soviétique en permettant l'émergence du terrorisme islamiste dans sa forme talibane. Se basant sur la théorie des ondes de choc (répercussion d'une zone de crise politique par contagion géographique), Brzezinski, rêvant de vaincre l’URSS, a transformé et imaginé la phase suivante : la théorie de la « Ceinture Verte », un chapelet de pays islamiques au sud de l’URSS opposant l'islamisme au bolchévisme.