dimanche 31 mai 2015

De Téhéran à Aden, le « croissant de la résistance » forme un seul front

Au début du troisième mois de la guerre saoudienne au Yémen, au nom d'une coalition de plus en plus fragile, la situation semble se compliquer et les divergences entre le royaume wahhabite et la République islamique d'Iran s'approfondissent.



Connus pour leur diplomatie de longue haleine et pour leur souci de ne jamais rompre totalement les liens avec leurs ennemis et leurs adversaires (c'est ce qui leur a d'ailleurs permis de négocier pendant près de 12 ans avec l'Occident sur leur dossier nucléaire), les Iraniens ne cachent plus désormais leurs critiques à l'égard du régime saoudien.
Il ne s'agit plus de simples attaques verbales lancées par le secrétaire général du Hezbollah, ou par le président syrien. Ce sont désormais les plus hauts dirigeants iraniens, comme l'ayatollah Ali Khamenei, jusqu'aux responsables militaires et diplomatiques, qui ne ménagent plus ouvertement les dirigeants saoudiens. Ce qui est en soi un indice de la gravité de la situation et de l'impossibilité d'amorcer le moindre dialogue politique ou diplomatique entre ces deux puissances régionales.
Le seul dialogue en cours est donc celui qui se fait sur les scènes régionales, à coups de canon, de percées ou de replis.
Un diplomate iranien au Liban précise ainsi que le front commence à Téhéran et se termine au Yémen. Certains l'appellent « le croissant chiite » mais, selon le diplomate iranien, c'est une appellation injuste qui vise à donner à ce « front » une coloration confessionnelle, alors qu'il s'agit d'une forte alliance unie sur la base d'une vision commune qui comporte des groupes de différentes religions et confessions, comme les sunnites du Hamas, et donc, une branche des Frères musulmans, celle qui appuie l'esprit de la résistance.
Le diplomate iranien explique que si l'on veut comprendre la région, il faut la regarder dans son ensemble, et lorsqu'un coup est porté au Yémen, la riposte peut se faire au Qalamoun ou ailleurs. De même, si le coup est porté à Palmyre ou à Jisr el-Choughour, la riposte peut se faire à Aden ou à la frontière saoudo-yéménite.
Ce front, ajoute le diplomate iranien, a peut-être la forme d'un croissant, mais il s'agit du « croissant de la résistance », et, s'il parvient à remporter une victoire au Yémen, c'est qu'il aura gagné ailleurs, puisque ce pays en constitue le dernier morceau.

PAS DE VICTOIRE POSSIBLE CONTRE DAESH SANS L'IRAN, LA SYRIE, LA RUSSIE !


On peut réunir toutes les conférences que l’on veut, ce n’est pas seulement la stratégie qu’il faut réformer, ce sont les alliances qu’il faut revoir. On ne peut gagner une guerre avec des alliés qui financent ceux qu’ils combattent. Les régimes sunnites aimeraient réduire Daesh sans permettre aux chiites d’augmenter leur influence dans la région. C’est impossible. Une vraie victoire sur Daesh entraînera un renforcement de l’influence de Téhéran sur les régimes de Bagdad ou de Damas. C’est pourquoi, contrairement au Yémen, l’engagement de l’Arabie saoudite, du Qatar et des pays sunnites contre Daesh est si inefficace. C’ est pourquoi les occidentaux ne font pas une vraie guerre pour en finir avec l’organisation terroriste à la tête maintenant d’un état islamiste nazi.
Dix mois après le lancement de la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre l’organisation de l’État islamique (EI), le bilan est maussade : les jihadistes ont poursuivi leur avancée. Récemment, les pertes des villes de Palmyre en Syrie, et de Ramadi en Irak, ont achevé de mettre en doute l'efficacité des bombardements arabo-occidentaux. Et pourtant les islamistes de l’émirat prennent des coups. Plus de 10.000 mercenaires islamistes ont été tués depuis le début des raids aériens de la coalition internationale contre eux en Irak et en Syrie il y a 9 mois. 
Et pourtant ce n’est pas suffisant.
Un «échec majeur» d’ailleurs reconnu par le chef du gouvernement irakien.
Le monstre a échappé à ses financiers et parrains, mais ces derniers ont encore plus peur de l’Iran que de Daesh, leur créature. « Dis moi qui te fais peur, je te dirai qui tu es ! ». Face à ses contradictions, la coalition est condamnée à l’inefficacité. La destruction de l’émirat doit être la priorité et si les pays du Golfe s’y refusent, il faut faire la guerre sans eux, mais avec l’Iran, Bagdad et  Damas. La victoire s’inscrit sans doute dans un renversement des alliances. Le risque est énorme pour le monde wahhabite mais il est responsable, après les Usa, de l’émergence de Daesh, ennemi des civilisations chrétiennes chiites et sunnites.
Il faut parfois perdre un bras pour éviter la mort par gangrène.