vendredi 1 avril 2016

L'Express "Rossia - Syria " à pleine vapeur

Face aux Cassandre ou aux propagandistes stipendiés par les Saoud qui prédisaient le lâchage d'Assad par Moscou (j'en ris encore), nous avions averti que le retrait partiel russe de Syrie n'était qu'un trompe-l’œil qui n'allait guère changer l'équation stratégique sur le terrain. Le départ de quelques Sukhois ainsi que des milliers de troupes protégeant désormais inutilement les bases de Tartous et Khmeimim ne présageait en rien un adoucissement de la campagne contre les terroristes modérés et surtout immodérés, les premiers étant maintenant neutralisés par la trêve.

Le Syria-express à pleine vapeurOr, non seulement les Russes restent fermement dans leurs bases syriennes et continuent à pilonner Daech, mais ils semblent même en réalité renforcer leur présence ! Le Syria-express tourne à plein régime, ce qui est une bien mauvaise nouvelle pour Ankara et Riyad...
Un intéressant article de Haaretz (résumé en français ci-dessous) montre que les navires russes font le voyage à plein vers la Syrie et reviennent à vide vers Novorossiysk. La ligne de flottaison bateaux est scrutée à la loupe et l'on imagine la rage impuissante du sultan à voir passer dans le Bosphore le Caesar Kounikov, le Saratov et le Yauza, les cales bourrées d'équipement. Sur le chemin retour, l'Alexandre Otrakovski, le Minsk et le Dvinitsa-50, eux, n'avaient aucun chargement lourd, contrairement à l'aller...
Comme le note un observateur : "Puisque la majeure partie des forces russes est de facto restée, il n'y a aucune raison de réduire le trafic". OK, c'est noté, une baffe en passant aux djihadistes et à leurs parrains de l'autoproclamé camp du Bien qui se réjouissaient de la "fuite" des Russes. Quant au trafic, non seulement il n'est pas réduit mais il semble même augmenter.
Malgré le goût d'Assad pour la cuisine russe, on imagine que Poutine ne lui envoie pas du bortsch... Le mystère plane sur le type d'armes ainsi que les destinataires : l'armée syrienne bien sûr, sans doute le contingent russe lui-même et peut-être le Hezbollah.
Indice : un système de missiles balistiques Iskander-M à capacité nucléaire a été vu sur la base de Khmeimim. Apparemment, il a été déployé le 25 mars, soit dix jours après l'annonce du retrait partiel. Pour mémoire, ce missile tactique à trajectoire changeante et volant à 5 000 km/h est à peu près invulnérable. Les colonnes turques qui voudraient faire du tourisme en Syrie sont prévenues... Notons en passant que ces terribles Iskander sont déjà présents en Arménie depuis 2013 - sans que l'on sache d'ailleurs très bien s'ils ont été livrés aux forces arméniennes ou à la base russe de Gyumri -, participant du lent mais implacable encerclement de la Turquie par Moscou.
Mais revenons à la Syrie. Avec les S-400 et les Iskander, la voilà quasiment sanctuarisée. Pour le reste, si des Sukhois sont partis (combien ?), les hélicoptères semblent plus nombreux que jamais (arrivage par bateau ?) et ont participé allègrement aux combats de Palmyre. Notons que durant l'opération pour reprendre la cité de Zénobie, l'aviation russe a effectué 500 sorties et frappé 2 000 objectifs (!), chiffres qui laissent pour le moins rêveur et circonspect sur la réalité du retrait. Poutine a eu l'élégance (et l'intelligence politique) de féliciter Assad mais ce sont bien les Russes qui ont gagné la bataille de Palmyre. Et ils ne s'arrêtent pas en si bon chemin...

1 Avril 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus 

La Russie envoie plus de matériel en Syrie qu'elle n'en retire

L'examen du trafic maritime suggère que les Russes ont en fait renforcé leur présence navale au large de la Syrie.

Depuis le 14 mars, quand Vladimir Poutine a annoncé un retrait partiel des forces russes de Syrie, le trafic maritime toujours aussi soutenu, voire encore plus intense, entre la Russie et le port syrien de Tartous laisse penser que le Kremlin a envoyé sur place plus de matériel qu'il n'en a retiré, selon une enquête menée par Reuters.
Le "Syrian Express", surnom donné à cette noria qui assure le ravitaillement de l'armée de Bachar el-Assad et du contingent russe toujours en Syrie, se poursuit sans trêve. Et la Russie a souligné qu'elle était en mesure, si nécessaire, de renforcer en quelques heures seulement ses forces sur le terrain.
Les Russes maintiennent une présence navale, qui remonte à l'époque soviétique, dans le port syrien de Tartous. Ils ont également une base aérienne, récemment agrandie, près de la ville de Hmeymime.
"La majeure partie des forces russes de Syrie est stationnée dans ces deux bases et doit être ravitaillée. Il faut aussi poursuivre l'aide à l'armée syrienne, il n'y a donc aucune raison de voir le trafic maritime marquer le pas", déclare Mikhaïl Barabanov, membre du groupe de réflexion CAST, spécialisé dans les questions militaires et dont le siège est à Moscou.
Dans les jours qui ont suivi l'annonce de Vladimir Poutine à la mi-mars, la Russie a bien retiré de Syrie environ la moitié de ses avions de combat, dont le nombre était estimé à trente-six. Lundi dernier, la télévision russe a montré des images du retrait de trois hélicoptères d'attaque.

Présence navale renforcée

Mais l'examen du trafic maritime, notamment du passage des navires russes à travers le détroit du Bosphore, suggère que les Russes ont en fait renforcé leur présence navale au large de la Syrie.
Il y aurait actuellement, selon les médias russes et la presse spécialisée, une douzaine de bâtiments de la marine russe en Méditerranée, notamment le Zeleni Dol, un navire équipé de missiles de croisière Kalibr.
Depuis la mi-mars, deux navires de débarquement, le Caesar Kounikov et le Saratov, ont également été dépêchés en Méditerranée, de même que le cargo auxiliaire Yauza. Le Saratov, qui a franchi le Bosphore jeudi dernier en direction de la Syrie, semblait assez lourdement chargé.
Deux autres navires de guerre, l'Alexandre Otrakovski et le Minsk, ainsi que le bâtiment auxiliaire Dvinitsa-50, sont retournés la semaine dernière en Russie. L'Alexandre Otrakovski et le Dvinitsa-50 ne semblaient avoir aucun chargement lourd, contrairement au voyage aller.
Depuis, le Minsk a de nouveau appareillé pour la Syrie. Le trafic des navires de commerce entre les deux pays ne montre pas non plus de baisse de régime.
Durant les deux semaines précédant l'annonce surprise de Poutine le 14 mars, quatre cargos avaient fait escale en Syrie. Un cinquième navire, le ferry Alexandre Tkatchenko, qui transportait des camions militaires, les y a probablement rejoints. Et depuis deux semaines, cinq navires marchands, dont un pétrolier, ont également gagné la côte syrienne.
http://www.lorientlejour.com/article/978312/la-russie-envoie-plus-de-materiel-en-syrie-quelle-nen-retire.html