dimanche 6 décembre 2015

Assad: les frappes britanniques et françaises en Syrie seront nuisibles

Dans une interview accordée au Sunday Times et citée par l'agence syrienne SANA, Bachar el-Assad a affirmé que les raids britanniques et français contre le réseau terroriste Daech ne provoqueraient aucun résultat et seraient plutôt nuisibles et en violation du droit international.

Il a ajouté que la Grande-Bretagne et la France avaient constitué dès le début le "fer de lance" du soutien aux terroristes en Syrie et qu'elles n'avaient pas actuellement la volonté de combattre le terrorisme ni de vision sur la manière de le vaincre.
A la question de savoir s'il était possible de vaincre Daech par le biais de raids, le président el-Assad a assuré que la coalition menée par les Etats-Unis n'avait pas pu, pendant plus d'un an, vaincre Daech de cette façon.
"Il est impossible de vaincre Daech uniquement en recourant à des frappes aériennes, sans collaborer avec les forces sur le terrain", a-t-il dit, avant d'ajouter que la coalition était une illusion car elle n'avait rien réalisé dans la lutte antiterroriste en Syrie.
Dans son entretien au journal britannique Bachar al-Assad a une nouvelle fois évoqué le rôle de la Russie ayant déclaré notamment: "Le soutien russe au peuple syrien et au gouvernement syrien avait joué un rôle très important dans la fermeté de l'Etat syrien".
Le 2 décembre, le parlement britannique a approuvé la participation à l'opération en Syrie. Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les forces royales ont effectué les premières frappes contre les positions de Daech. Le Royaume-Uni participe à l'opération anti-EI en Irak depuis 2014 dans le cadre de la coalition internationale. La France fait partie de la coalition de 65 Etats bombardant les positions de Daech en Irak et en Syrie. La coalition opère en Syrie sans autorisation de ce pays. La France a intensifié les bombardements en Syrie et a envoyé son porte-avions dans la région après une série d'attentats à Paris, le 13 novembre, qui avaient fait 132 morts et plus de 350 blessés.

«C'est l'initiative russe en Syrie qui est désormais la nouvelle cible des bombes britanniques»

Le Royaume-Uni lance sa campagne de bombardements en Syrie, mais pas principalement pour combattre Daesh, explique l'expert britannique John Laughland.
Fin août 2013, la Chambre des Communes à Londres a surpris le monde entier en votant contre le gouvernement de David Cameron qui voulait lancer, avec les Américains, une guerre contre la Syrie.


 
Hier soir, et après un débat long et vif tel qu'il n'y en a eu ni en France ni aux États-Unis, la Chambre des Communes a donné sont feu vert mais pour lancer une guerre inverse, contre l’État islamique cette fois. Depuis un an, en effet, la Royal Air Force bombarde l’État islamique en Irak mais non pas en Syrie, et ceci à cause du vote de 2013. Les bombardiers britanniques larguent depuis quelques heures leurs missiles maintenant sur la Syrie aussi, tout comme les Français et les Américains le font depuis un an.
David Cameron semble donc avoir remporté une victoire tardive qui rattrape sa défaite antérieure. En réalité, sa victoire n'est qu'apparente. Le fait que le même homme veuille attaquer tantôt le régime syrien, tantôt les ennemis du régime syrien, prouve qu'il n'a aucune cohérence politique. Tout comme le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, qui vient de demander «pourquoi pas» la France ne combattrait pas ensemble avec les troupes du régime syrien, alors que toute sa politique depuis 2011 est basée sur l'approche inverse, David Cameron fait comme si ses erreurs d'hier n'avaient pas existé.
David Cameron avait affirmé que les frappes britanniques seraient déployées en coordination avec les opérations militaires de «70.000» combattants non islamistes. Ce chiffre semble relever de la plus pure fantaisie
Pendant le débat, qui par ailleurs était riche dans la meilleure tradition du parlementarisme britannique, aucune clarté n'a été ni demandée ni obtenue sur l'attitude à adopter vis-à-vis de l'armée syrienne. Celle-ci est pourtant, et de loin, la plus grande force armée du pays. David Cameron s'est de nouveau ridiculisé en évoquant une possible future coopération avec les troupes syriennes d'un «gouvernement de transition» aujourd'hui inexistant. Parier sur un changement de régime en Syrie à l'avenir, en faisant abstraction du régime syrien actuel, c'est tout simplement poursuivre une politique à l'aveuglette.
Avant le débat d'hier, David Cameron avait affirmé que les frappes britanniques seraient déployées en coordination avec les opérations militaires de «70.000» combattants non islamistes. Ce chiffre semble relever de la plus pure fantaisie. La réalité, selon une députée musulmane membre de la Commission des Affaires Étrangères qui vient de rentrer du Moyen Orient où elle a obtenu ses renseignements, est que ces fameuses troupes modérés sont au nombre de 10.000 ou 15.000 au maximum, un chiffre qu'il convient de comparer aux 40.000 ou 50.000 troupes qu'il faudrait, toujours selon Yasmin Qureshi, pour prendre la ville de Raqqa où l'Etat islamique a son QG.

La politique occidentale, c'est le bombardement pour le bombardement

Ce qui compte dans un combat militaire, en effet, c'est l'occupation du territoire, non pas le contrôle de l'espace aérien. Celui-ci n'est qu'un moyen pour atteindre celui-là. Une campagne aérienne qui ne couvre pas des troupes au sol est pire qu'une absurdité, c'est un fantasme enivrant qui permet à un impuissant de se donner une impression de puissance. La Russie a compris ce fait élémentaire de la logique militaire, en lançant sa campagne de bombardement en coordination étroite avec les forces de l'armée syrienne et avec le but déclaré d'appuyer celle-ci. Mais sans aucun accord sur les troupes au sol à appuyer, il ne peut y avoir aucune alliance entre, par exemple, la Russie et les pays occidentaux. La dégringolade des rapports entre Moscou et Ankara n'est que la manifestation éclatante de ce différend radical entre la Russie et l'OTAN sur la question centrale dans la guerre syrienne, à savoir l'avenir de Bachar al-Assad.
Désaccord, donc, sur les buts à atteindre; désaccord aussi sur les moyens pour y parvenir. La politique occidentale, c'est le bombardement pour le bombardement. En effet, souvent dans le débat d'hier, les opposants à cette nouvelle campagne ont évoqué les désastres qui sont la Libye, l'Irak et même l'Afghanistan. A aucun moment, en revanche, la campagne aérienne contre la Yougoslavie en 1999 n'a été évoquée. Cette guerre est tout simplement jetée aux oubliettes de l'histoire - et pour cause. Après 74 jours de bombardement intense, suite auxquels le président yougoslave, Slobodan Milosevic, a capitulé en retirant ses troupes du territoire du Kosovo, l'armée serbe était totalement intacte. Elle a quitté le Kosovo indemne. Le passage de pouvoir aux Albanais n'est intervenu qu'au moment où les troupes de l'OTAN et les terroristes de l'UCK ont occupé ce territoire à sa place.
Le but du Royaume-Uni est de rattraper du terrain politique perdu à la Russie pour la frustrer dans ses objectifs
Les dirigeants occidentaux savent tout cela fort bien. Quelle est donc l'explication pour la décision britannique? Elle est géopolitique. Ce ne sont pas les attentats terroristes à Paris qui ont poussé les Britanniques à rejoindre la «coalition» franco-américaine. C'est la campagne aérienne russe.
L'annonce de cette campagne russe a profondément renversé l'échiquier en Syrie. En soutenant ouvertement Damas, Moscou s'est profilé comme une puissance incontournable au Moyen-Orient, et dans le monde, qui va peser sur l'évolution politique de la Syrie. Elle a saisi l'initiative de façon tellement flagrante que l'Occident était en mauvaise posture pendant plusieurs semaines avant de bricoler sa réponse inadéquate.
Mais c'est bien cette initiative russe qui est désormais la nouvelle cible des bombes britanniques. Il ne s'agit pas de rallier la position russe ou de mettre de coté, ne serait-ce que provisoirement, les différends sur Assad pour donner la priorité à l'ennemi principal. Il s'agit au contraire de rattraper du terrain politique perdu à la Russie pour la frustrer dans ses objectifs. La guerre entre la Russie et l'Occident en Syrie vient de monter d'un cran.

Daech en difficultés financières

La reprise d'importants territoires par les forces gouvernementales d'Irak et de Syrie a amenuisé les sources de revenus du groupe terroriste Etat islamique.
Selon certains médias américains, le groupe s'est vu même obligé d'augmenter les impôts sur la population du territoire contrôlé et de diminuer les soldes des combattants.
Le Washington Post relève que les terroristes de Daech ont éprouvé des problèmes financiers suite à la perte de contrôle d'une partie de territoire.
"Les problèmes de l'EI consistent dans le fait qu'une part importante de ses revenus au cours de ces deux dernières années provenait des conquêtes, des confiscations et des extorsions, qui ne sont pas des sources stables", explique au quotidien le professeur adjoint des sciences politiques à l'Université Brigham Young Quinne Mecham, cité par l'agence Ria Novosti.
Le Washington Post signale que l'organisation extrémiste a même dû alourdir le fardeau fiscal dans les territoires contrôlés d'Irak et de Syrie, peuplés de 6 à 9 millions d'habitants. En outre, selon l'analyste du Jane's Information Group Columb Strack, la solde mensuelle des combattants aurait été réduite de 400 à 300 dollars.
Le quotidien fait cependant remarquer que les informations sur la situation financière de Daech diffèrent, car les djihadistes continuent de tirer des profits immenses du trafic de pétrole. De l'avis des experts, ce trafic leur rapporte environ 500 millions de dollars par an.

L’armée de l’air russe a tué plusieurs leaders terroristes en Syrie au cours de la semaine

Le ministère de la Défense a fait savoir vendredi que plusieurs leaders terroristes ont péri dans des frappes aériennes menées par l’aviation russe ces derniers jours.
Dans la province de Lattaquié, un bunker abritant le leader d’un important groupe terroriste nommé Abu Abdu et plusieurs autres commandants a été détruit, a annoncé lors d’un briefing Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense.
«Plusieurs leaders [terroristes] ont également été éliminés dans la semaine près du village d’el-Latamna dans la province de Hama», a-t-il précisé.
Le trafic illégal de pétrole des terroristes a aussi été ciblé. Selon le porte-parole russe, «près de 12 postes de pompage de pétrole, huit gisement pétroliers et raffineries, et plus de 170 camions citernes» ont été détruits dans le même délai.
«La semaine dernière, entre le 26 novembre et le 4 décembre, les avions russes sont sortis à 431 reprises de la base aérienne de Khmeimim [dans la province syrienne de Lattaquié] et effectué 1 458 frappes de précision contre des installations dans les provinces d’Alep, d’Idleb, de Lattaquié, de Hama, de Deir ez-Zor et de Raqqa», a expliqué le représentant russe.
Des centres de commandement, des bunkers ainsi que des camps d’entraînement de terroristes et des dépôts d’armés ont été ciblés.
Le porte-parole a aussi souligné que tous les bombardiers et avions d’attaque russe ont bénéficié du support de SU-30» lors de leurs sorties. Ces mesures ont été prises suite au crash du SU-24, abattu par un F-16 turc le 24 novembre dernier.

Hannibal GENSERIC