mardi 14 avril 2015

Sanctions anti-russes : L’Inde annule sa commande de 126 avions de chasse Rafale au profit de la Russie


L’Inde a virtuellement annulé son gigantesque contrat d’armement avec la France pour l’achat et la construction en commun de 126 avions de combat Rafale, après que le Premier ministre eut convenu d’acheter 36 tels avions lors de sa visite à Paris la semaine dernière, a indiqué lundi un responsable gouvernemental. A la place, l’Inde va acquérir 127 chasseurs russes de 5ème génération.

Il s’agit là de la conséquence directe de la politique antirusse du gouvernement socialiste français, aligné sur Washington. Obéissant aux USA, le tandem Le Drian/Hollande avait décidé de ne pas livrer les navires Mistral à la Russie. Ce volte-face de l’Inde constitue un triomphe majeur pour Vladimir Poutine. Une revanche de Moscou contre la France qui coûtera à Paris 20 milliards d’euros.

11IN_LPN_MODI_PUTI_2240172gL’Inde annule virtuellement sa commande

Le ministre de la Défense Manohar Parrikar a indiqué que si l’Inde s’orientait vers l’achat d’avions Rafale supplémentaires, ce serait également via des accords de gouvernement à gouvernement.

En janvier 2012, l’Inde avait choisi les Rafale dans le cadre de son plus important achat d’armes depuis des décennies, pour un coût évalué à 20 milliards de dollars. Mais l’accord avait été mis de côté suite à l’arrivée en place de M. Modi.

“Une voiture ne peut pas voyager sur deux routes à la fois. L’autre route avait de nombreux problèmes”, a déclaré M. Parrikar, faisant allusion à l’ancien accord avec la France au sujet des Rafale, signé par l’ancien gouvernement mené par le Congrès.

Mais le ministre s’est également félicité de l’achat de 36 avions Rafale comme une bouffée d'”oxygène” pour l’Indian Air Force.

Il n’a pas spécifié le nombre de Rafale supplémentaires qui seraient acquis après que les premiers Rafale auront été livrés directement depuis la France au bout de deux ans.

Acheter jusqu’à 126 avions de combat “serait financièrement une côte très raide à gravir”, a-t-il conclu.

Conséquences du chantage lié à la livraison du Mistral


Le gouvernement socialiste paie là son alignement sur la diplomatie américaine face à la Russie autour de la livraison du navire de guerre Mistral. L’Inde, désormais gouvernée par les nationalistes hindous, a en effet opéré un mouvement de conciliation avec la Chine en s’appuyant sur la Russie. Et a déçu les espérances américaines quant à la constitution d’un axe anti-russe et anti-chinois.

Dans cette perspective nouvelle, commander des rafales français, c’est dépendre en partie de la livraison régulière de pièces détachées produites en France. Mais aussi des modernisations périodiques dont les chasseurs ont besoin, tant en armement qu’en matériel de navigation, etc.

Suite au refus de la France de livrer le Mistral à la Russie, l’Inde a craint de se retrouver face à une pression des USA sur la France pour ralentir de telles livraisons ou de n’en faire que de moindre qualité, en cas d’opposition géopolitique. En somme, le crédit de la France comme fabricant d’armes est largement entamé et le gouvernement indien ne veut prendre aucun risque quant à son indépendance stratégique. La commande, marginale, de 36 appareils n’est pas de nature à mettre en danger une aviation indienne qui serait par ailleurs majoritairement équipée par un autre fabricant.

Partenariat des nationalistes hindous avec la Russie


Car si l’Inde évoque des “difficultés budgétaires” pour boucler un contrat estimé à 20 milliards d’euros avec la France, un rapide coup d’oeil sur ses discussions avec la Russie dans le domaine de l’armement permet de confirmer l’évidence.

Le premier ministre indien Narendra Modi avait rencontre Vladimir Poutine en décembre 2014, en pleine crise autour de la livraison du Mistral sur fond de conflit ukrainien. Le chef du gouvernement indien, déterminé à intégrer l’Organisation de Coopération de Shanghaï aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Iran afin de libérer l’Eurasie de la tutelle américaine, avait annoncé au président russe vouloir maintenir la Russie comme “premier partenaire en matière de défense” (source).

Le gouvernement indien est donc entré rapidement en négociation avec la Russie afin d’acquérir l’avion de 5ème génération russe qui devrait sortir des usines en 2016. Le contrat viserait à doter l’Inde de 127 chasseurs russes dont on sait que l’industrie russe produit parmi les meilleurs du monde. La Russie s’est engagé à accélérer la production pour livrer les premiers chasseurs d’ici à 36 mois.

Coût d’un tel contrat ? 25 milliards d’euros. C’est à dire 5 milliards de plus que le contrat négocié avec la France (source). En somme, les excuses budgétaires sont un moyen diplomatique de se retourner vers le plus ancien et le plus important partenaire militaire de l’Inde : la Russie.

Les deux pays ont une longue histoire de coopération dans ce domaine et la volonté de résolument émanciper l’Eurasie de l’emprise américaine, qui prévaut au sein du nouveau gouvernement indien, accélère cette volte-face.

Echec du tandem Le Drian/Hollande


Cet échec de la politique antirusse voulue par Le Drian et Hollande n’a pas fini d’avoir des conséquences pour l’industrie de l’armement française. Le futur candidat aux élections régionales de 2015 et actuel ministre de la Défense fera tout pour éviter d’aborder la question du Mistral, qui a porté un coup décisif aux chantiers navals de Saint-Nazaire.

Atlantiste, Le Drian a considérablement porté atteinte aux intérêts industriels bretons comme français. Car le coût de la non-livraison du Mistral s’élève à au moins 20 milliards d’euros. Soit vingt fois le prix d’un Mistral. L’impact de la contre-attaque russe est considérable pour la France qui, au surplus, ruine ses intérêts à moyen et long terme.

La presse du régime, soucieuse de ménager le gouvernement, préfère se féliciter depuis plusieurs jours de la livraison de 36 Rafales à l’Inde. Histoire de ne pas évoquer les effets désastreux de la diplomatie française, résolument alignée sur Washington.