lundi 11 août 2014

L'Arabie saoudite panique devant le Califat

 La récente déclaration d’un des leaders du groupe Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) concernant son intention d’envahir l’Arabie saoudite a suscité la panique dans le royaume.

Plus de 30.000 soldats saoudiens ont été envoyés aux confins de la zone contrôlée par l’EIIL. Riyad a demandé des garanties d'aide militaire à ses principaux alliés dans le monde arabe, l’Égypte (1) et le Pakistan. L'Arabie Saoudite, qui occupe le quatrième rang mondial en termes de dépenses militaires, ne semble pas certain de l’efficacité de ses forces armées.
Tout le monde se rend compte du danger du retour des groupes radicaux au royaume. Mais à en juger par la réaction de Riyad, peu nombreux étaient ceux qui pensaient qu’une force armée aussi importante, bien organisée et motivée puisse se former aux frontières du pays. Il était encore moins évident qu’une stratégie militaire du nouveau « califat » puisse se former.
La direction de l’EIIL réalisait dès le début une série de missions successives et assez réalistes. En se dotant d’une expérience militaire en Syrie, le groupe radical a concentré ses efforts sur le front oriental. En se dotant d’une base de ressources suffisamment importantes et contrôlant un territoire doté de communications, qui permettent d’effectuer des manœuvres militaires à ses forces armées, l’EIIL est désormais en train de consolider les territoires et de redéployer ses forces armées. Ce « califat », va-t-il continuer à mener des attaques en Syrie et en Irak, sur les territoires où se trouve une population hostile et des forces armées régulières ? C’est ce que beaucoup d’experts occidentaux, saoudiens et israéliens espèrent pour l’instant.
Toutefois, Theodore Karassik de l'Institut d’analyse militaire du Moyen-Orient et du golfe Persique à Dubaï, estime qu’après la consolidation des forces de l’EIIL il y a un danger réel qu’ils « reviennent au royaume ». Et il y a des raisons de penser ainsi.
Tout comme en Irak, il est peu probable que l’EIIL compte sur le succès d’une intrusion venant de l’extérieur. Au printemps, des signes d’existence de la « cinquième colonne » sont devenus plus apparents. D'avril à juin, l’EIIL utilisait activement des applications mobiles pour mener la propagande et le recrutement de ses partisans. En mai, Riyad a affirmé qu’un complot de terroristes liés à l’EIIL avait été démantelé. Ce complot avait pour mission d'assassiner des hauts responsables saoudiens et des dirigeants religieux. Depuis l'été, les slogans de l’EIIL sont écrits sur les murs partout dans le pays, et des brochures du « califat » sont distribuées. Depuis le 1er août, l’EIIL a entamé une véritable campagne dans les réseaux sociaux visant à recueillir des données personnelles d'employés des services secrets de l’Arabie saoudite afin de les détruire. Cette campagne a eu comme résultat environ 30.000 posts avec des adresses, des photos et des téléphones d’un grand nombre de citoyens, soi-disant liés aux services de renseignement d’Arabie saoudite.
L’activation de l’EIIL a déjà été soutenue par l’allié du mouvement au « front Sud », l’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA). Une vidéo de l'attaque terroriste du 4 juillet, lorsque deux terroristes se sont fait exploser au poste frontière avec Yémen, s’est terminée avec des menaces d’attaques non seulement aux frontières, mais aussi à l’intérieur de l'Arabie saoudite.
Mais si le « califat » n’arrive pas à rempoter cette campagne militaire, les menaces de destruction des lieux saints musulmans pourraient bien être réels. Car cela s'était déjà produit.
Peu nombreux sont ceux qui se souviennent aujourd’hui que lorsqu’en 1979 le Shah en Iran a été renversé, des processus similaires se sont produit déjà en Arabie saoudite. Le 20 novembre, 500 extrémistes religieux ont occupé pendant plus de deux semaines la Grande Mosquée de La Mecque, en exigeant le renversement de la monarchie et l'expulsion du pays des sociétés étrangères et des « infidèles ». La mosquée a été détruite pendant l’assaut. 63 terroristes ont été décapités publiquement, mais l'un des suspects, un dénommé Mahrous Ben Laden, a été libéré. Et le chef de l’opération spéciale du service de renseignement de l’Arabie saoudite, le prince Turki bin Fayçal Al Saoud a proposé à son frère, un certain Oussama, d’aller en Afghanistan pour aider les moudjahidines...
Trente-cinq ans plus tard, ceux qui ont grandi avec les idées d'Oussama Ben Laden, menacent à nouveau de détruire la Grande Mosquée de La Mecque. Mais maintenant, ils sont capables de faire beaucoup plus de dégâts. Il n'y qu'à voir ce qu'ils font en Syrie et en Irak. L'Arabie Saoudite a été le principal soutien financier de l'EIIL. Maintenant que l'EIIL est riche grâce aux ouits de pétrole et de gaz qu'il contrôle, le monstre menace maintenant son créateur : Qui sème le vent, récolte la tempête.JPEG - 27.6 ko

L’Arabie saoudite donne 100 millions pour la lutte contre le terrorisme

L’Arabie saoudite a donné 100 millions de dollars à l’ONU pour soutenir la lutte contre le …terrorisme, et a exhorté les autres pays à faire de même !
Ce don fait suite à un précédent versement par le royaume de 500 millions de dollars à l’ONU pour aider les réfugiés irakiens qui fuient l’offensive des terroristes de l’Etat islamique.
Après avoir distillé la vermine terroriste en Syrie, en Irak, ou encore en Libye, l’ambassadeur saoudien à l’ONU Al-Joubeir, a déclaré, pince-sans-rire : "Nous sommes atteints par le mal du terrorisme", Or "les pays qui ne sont pas touchés par le terrorisme semblent négligents à (le) traiter de manière sérieuse".
L’argent ira au centre antiterroriste de l’ONU (Counter-Terrorism Centre), mis en place en 2011 pour répondre aux nouvelles menaces. Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont eux aussi versé des dons à ce centre ! On aura tout vu.
Hannibal GENSERIC


(1) Le président égyptien, M. Sissi, est actuellement en visite officielle en Arabie, pour discuter de ces problèmes de défense contre l'EIIL. Le président égyptien avait brièvement rencontré le 20 juin à l'aéroport du Caire le roi Abdallah d'Arabie saoudite. Après l'éviction de l'islamiste Morsi le 3 juillet 2013, Ryad avait promis d'apporter quelque 5 milliards de dollars d'aide financière à l'Égypte, sur un total de 12 milliards promis par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Koweït. Les Frères Musulmans sont considérés par ces deux pays comme une organisation terroriste : ce qui est vrai.